lundi 17 mars 2014

Tout se répète

Me penchant parfois sur le contexte d'écriture de certains "tubes", j'ai par hasard regardé celui de la chanson The Trooper du groupe de heavy metal britannique Iron Maiden. Sortie il y a trente ans sur l'album Piece of Mind, ce morceau est devenu un incontournable du groupe, immédiatement identifiable par son riff d'introduction rentré dans l'histoire de la guitare.  
J'invite ceux qui ne connaissent pas cette chanson à aller jeter une oreille dessus, car même si ce n'est pas votre tasse de thé (so british pourtant), cela fait partie du patrimoine musical mondial.

Pourquoi parler de ce titre, que beaucoup d'entre vous connaissent, et qui franchement ne serait pas gage d’originalité si je prétendais vous le faire découvrir, musicalement du moins. Vous êtes déçus, mais promis, vont venir des jours avec des petites trouvailles amusantes. 

Voilà, figurez-vous que ce titre a été inspiré par un poème de Lord Tennyson (Alfred de son petit nom) sur la bataille de Balaklava (octobre 1854) durant la guerre de Crimée. Guerre de Crimée (1853-1856) où une coalition franco, britisho, turquo, piemonto sardaignoise se mit sur le nez avec la Russie.... Première guerre moderne pour les historiens du fait de l'apparition de nouvelles armes et stratégies (naissance des cuirassés notamment). 
Durant cette fameuse bataille, une brigade légère de cavaliers britanniques va charger des canons russes. A cause d'un léger couac, les infos qui arrivent au major général Lord Cardigan semblent confuses lors du lancement de l'attaque et le détachement va alors manger chaud durant sa charge. Il paraîtrait que cette fameuse charge de la brigade légère, deviendra un cas d'école dans les centres de formation militaire.

J'ai trouvé cela "amusant" de voir que 160 ans plus tard, avec, à peu de choses près, les mêmes protagonistes (qui a dit "les mêmes fouteurs de m****"), c'est encore le bazar dans cette région. Ok la tactique est différente, plus sournoise, mais bon, ça va bien finir par se terminer comme ça :


Lors de l'élection présidentielle de 2012, je vous faisais découvrir un musicien qui modifiait les instrumentaux de certains groupes, en gardant le chant original, pour en faire des versions à l'opposé du style de départ.
Voici donc une version bossa nova de The Trooper, pour ne pas choquer les âmes sensibles. En dessous, la version normale pour ceux qui auraient passé trente ans dans une grotte.
Bossa Nova :


Live at Download fest 2013 :

Nota: imaginez un groupe hexagonal (oui, un groupe à 6 cotés), dont le chanteur brandirait un drapeau français, en uniforme de fantassin, chantant une chanson à la gloire d'une charge héroïque de l'armée...pas sur que ca plaise à tout le monde.

lundi 3 mars 2014

Première tentative de socialisation.

Il fait froid, humide. Le ciel est gris. Je n’ai rien de particulier à faire. Même si cela m’est arrivé un petit peu, j’évite d’emporter du travail à la maison. Quand c’est arrivé, c’est que je le voulais bien. J’ai envoyé un ou deux mails pour régler quelques soucis administratifs, passé quelques coups de téléphone afin d’avoir un devis abordable pour le kit de distribution de Fofi qui va souffler ses dix bougies… Nous sommes samedi. Etrangement, peu de garages répondent. Qu’à cela ne tienne. Je ferai ça lundi. Après tout, elle ne va pas me lâcher maintenant surtout que Germain me sert 80% du temps. C’est le problème avec les voitures. On ne veut pas prendre de risque, et les garagistes le savent. Si ça se trouve elle pouvait tenir encore bien des miles, comme me claquer dans les mains en allant chez Leclerc. Pas très glorieux comme fin ; elle ne mérite pas ça, mais qui sait ? Bref, lundi, j’ai dit.



Qu'il me manque ce petit lutin !
Ce soir, c’est France/Angleterre. Premier match de rugby loin de mes bases nantaises. Loin d’un Buck Mulligan ou d’un John McByrne. Même si ce dernier fut délaissé un après midi de HCup pour abus d’enfoirisme d’un serveur, j’y ai longtemps trainé mes guêtres.  Le Buck avait gagné cette journée là quatre clients à vie. 

Ici, les bars, il y en a. Des troquets, des pmu, des brasseries, du bar tabac…mais pas de pub et que du carrelage blanc par terre.

Avec ce temps, le carrelage renforce cette impression humide où le moindre courant d'air s'infiltre jusqu'à la moelle peu importe le nombre de couches que l'on porte. Le choix dans les pressions n'est pas des plus funky : Grimm blanche ou ambrée, de la 1664 ou Heineken, Amstel et autres blondes coupées à la flotte! Certains appelleront ça du choix, moi j’appelle ça de l’ennui, du déjà vu, du commun. Personne ne dit jamais : « tiens je me prendrais bien une pinte de Amstel ». C’est un truc qu’on avale en 25cl par des après midi trop chauds pour sentir le goût de ce qu’on boit, pourvu que ce soit frais.

Tout le monde connait ces bars où résonnent les « à plus tard JeanMiche »« Comme d’hab José ? », « Tiens v’la l’plus beau »« Elle est pô là Nicole ? » « Nan pas l’mardi, elle garde le p’tit à Jennifer»… Des mains se serrent par-dessus le zinc, des joues se tendent, des regards en votre direction, teintés d’interrogations, s’échangent car vous ne faites visiblement pas partie des habitués.

Je n’ai pas encore eu le temps de tous les tester, me direz-vous, les bars lochois. Les choses changent souvent lorsqu’on y va à plusieurs mais n’ayant que peu de possibilité d’accompagnement et ayant la fâcheuse habitude de ne pas rentrer dans un café seul, c’est avec un manque flagrant d’objectivité et d’enthousiasme que je jette un regard sans réelle bienveillance à l’égard des quelques rinces gosiers de cette province.

Je n’ai pas de télé et ma connexion wifi rame. Pour un match en direct, c’est un peu court ! Je vais donc, braver le froid et mes principes (après tout j'ai une bonne raison) pour trouver où me réchauffer devant un « crunch » (surnom des France/Angleterre en Rugby) dont je me méfie par avance du résultat au vue des dernières prestations de notre XV national. Promis, je ne rentrerai pas dans les diatribes ici !

Je me dirige vers «Le palais », un « pub brasserie » comme l’indique ses fenêtres. Une enseigne Murphy’s laisse présager d’un bon début de soirée. A l’intérieur, du carrelage, mais, une inscription Guinness à coté des tireuses du comptoir me fait délaisser ce détail.
Vue d'ici, j'avais encore de l'espoir !
En me rapprochant, tous mes espoirs s’envolent. Il s’agit d’une espèce de machine qui optimise le système Guinness en canette… Je me rabats alors sur les armoiries de chacune des pompes… Grimm, Eau, bière « Le Palais ». Cette dernière doit être une blonde dégueu digne d’une fête de village (je parle de bière).

Tu veux une Murphy's, Banane?
Le patron, très sympathique, est un grand gars bedonnant, un mixe entre Biff Tannen et Monsieur Morse. Chemise à boutons carrés, et des revers à rayures. Gourmette, crâne qui commence à dégarnir. Elle est où la Murphy’s qui est promise sur la façade de ta boutique Tannen?  Bon allez Biff, sers moi donc, euh plouf plouf, une Grimm ambrée. Je découvre. C’est marron foncé, on dirait une blonde avec du picon. C'est pas super. Je ne vais pas me plaindre, il diffuse le match. Seulement je suis en avance ! Comme si ca allait se bousculer pour trouver une place.

Nous sommes trois, comme dirait Fersen. Le patron et un autre gars. Pour l’instant pas de rougeauds !  Et oui, je le précise, car j’ai croisé pas mal de poivreaux dans les tavernes lochoises. Non pas par grand nombre, mais à chaque fois des loups solitaires, ou un couple, qui repartent avec plus de vent dans les voiles que semble pouvoir supporter leur carcasse fatiguée.


Table Basse Avec Moteur Harley – Ezooq.com
Encore un client pour un mercredi soir
Le patron et son client se connaissent. Comme tout le monde dans le patelin finalement. Ils sont rejoints par un petit groupe de bricolos du dimanche. Anciens motards/mécanos, dont un qui fabrique des tables de salon en recyclant des moteurs de motos…classe, passe partout, discret, summum du bon gout. Intarissable sur le sujet, les autres l’écoutent, plus par politesse j’imagine.


Distrait par les conversations, je souris à quelques blagues en voyant qu’ils cherchent parfois ma complicité, ma réaction en croisant mon regard. Levant les yeux, je remarque que la télé, diffusant la fin du match précédent, fait un peu la tête.… Ca bave, et c’est sombre sur toute la moitié gauche… Il s’avère que Tannen a essayé de nettoyer son écran plasma alors que celui-ci était encore chaud. Je ne m’y connais pas du tout en réaction physico chimico électroniques de ces machins là. Toujours est-il que l’appareil n’a pas aimé être refroidi à chaud. Pas le temps d’appeler le Stade de France pour que l’équipe nationale joue toujours du même coté de la pelouse même après la mi-temps. Il va falloir déchiffrer, faire avec.

J’attends toujours, mais avec un bouquin, que le match commence. Livre que je conseille au passage. Quelqu’un d’autre de Tonio Benacquista (merci Cécile). L’histoire de deux personnes qui font connaissance après un match de tennis et prennent le pari de changer complètement de vie. Deux parcours totalement différents vont découler de ce défi lancé en pleine nuit, après plusieurs verres et une alcoolémie bien avancée.


Ah c'est parti! Il me reste un peu de ce délicieux breuvage (sic) que j’ingurgite lentement pour avoir une raison de rester un peu. Quoique, nous ne sommes pas à Paris  et je ne risque pas de me faire dégager une fois ma consommation engloutie. J’échange quelques mots avec Biff à la mi-temps. Mi-temps en faveur des français, dans un hourra rugby où personne ne sait ce qui se passe mais où tout nous réussit à peu près. Le patron ne me rassure pas sur la fréquentation lochoise en hiver. La ville se transforme à la belle saison semble-t-il. Il organise des concerts etc. Vivement les beaux jours alors !

La deuxième mi-temps commence et avec elle mon deuxième demi. Ca y est, la pile est en route. On ne joue plus, on regarde les anglais marquer, nous marcher dessus. Une fois de plus on s’est vu trop beau.
Une mère et sa fille rentrent dans le bar. Elle, post soixante-huitarde. Sa fille, la vingtaine, punkette à chien mais proprette. Elles racontent leur concert de grind de la veille…poétique. Bien sur, elles connaissent tout le monde. En peu de temps, voilà le petit comité grossi à sept personnes qui se regroupe autour du bar. Les anglais sont passés devant. Je ne peux même pas m’énerver, sauter sur mon tabouret. De quoi aurais-je l'air! Je dois rester digne et calme… stranger in the baaar comme dirait Sinatra.

Les minutes défilent, la bière et le froid commencent à agir sur mon organisme, pressé qu'on en finisse. Soudain, dans un éclair de génie, un pilier du XV et non du bar, joue le rôle d’un trois quart centre dans une course effrénée, et envoie un collègue à dame pour l’essai qui va permettre, à la dernière minute, aux français de l’emporter avec un point d’écart…. J’ai failli crier et embrasser la soixante-huitarde sur les deux joues. Comme quoi, même tout seul, devant un match avec un sélectionneur qui me sort par les yeux, éloigné de tous visages amicaux, familiaux, j’arrive à apprécier un match de rugby avec en plus une bière pas top et un écran faisant la tronche.
Vivement que je bosse le weekend pour regarder le match avec les résidents sur une télé qui fonctionne. Si si, vivre des émotions face à un sport national, c’est éducatif ! Moment de partage ! Bière, rugby et saucisson au boulot ! 

C’est sur cette victoire que je me lève, règle au patron mes deux demis et sors braver le froid et la nuit vers mon petit nid qui se construit petit à petit. 



Ce récit date d’il y a quelques semaines. Les choses ont bien évoluées ici depuis mais ce sont des histoires que je vous raconterai plus tard !