Me penchant parfois sur le contexte d'écriture de certains "tubes", j'ai par hasard regardé celui de la chanson The Trooper du groupe de heavy metal britannique Iron Maiden. Sortie il y a trente ans sur l'album Piece of Mind, ce morceau est devenu un incontournable du groupe, immédiatement identifiable par son riff d'introduction rentré dans l'histoire de la guitare.
J'invite ceux qui ne connaissent pas cette chanson à aller jeter une oreille dessus, car même si ce n'est pas votre tasse de thé (so british pourtant), cela fait partie du patrimoine musical mondial.
Pourquoi parler de ce titre, que beaucoup d'entre vous connaissent, et qui franchement ne serait pas gage d’originalité si je prétendais vous le faire découvrir, musicalement du moins. Vous êtes déçus, mais promis, vont venir des jours avec des petites trouvailles amusantes.
Voilà, figurez-vous que ce titre a été inspiré par un poème de Lord Tennyson (Alfred de son petit nom) sur la bataille de Balaklava (octobre 1854) durant la guerre de Crimée. Guerre de Crimée (1853-1856) où une coalition franco, britisho, turquo, piemonto sardaignoise se mit sur le nez avec la Russie.... Première guerre moderne pour les historiens du fait de l'apparition de nouvelles armes et stratégies (naissance des cuirassés notamment).
Durant cette fameuse bataille, une brigade légère de cavaliers britanniques va charger des canons russes. A cause d'un léger couac, les infos qui arrivent au major général Lord Cardigan semblent confuses lors du lancement de l'attaque et le détachement va alors manger chaud durant sa charge. Il paraîtrait que cette fameuse charge de la brigade légère, deviendra un cas d'école dans les centres de formation militaire.
J'ai trouvé cela "amusant" de voir que 160 ans plus tard, avec, à peu de choses près, les mêmes protagonistes (qui a dit "les mêmes fouteurs de m****"), c'est encore le bazar dans cette région. Ok la tactique est différente, plus sournoise, mais bon, ça va bien finir par se terminer comme ça :
Nota: imaginez un groupe hexagonal (oui, un groupe à 6 cotés), dont le chanteur brandirait un drapeau français, en uniforme de fantassin, chantant une chanson à la gloire d'une charge héroïque de l'armée...pas sur que ca plaise à tout le monde.
Il fait froid, humide. Le ciel est gris.
Je n’ai rien de particulier à faire. Même si cela m’est arrivé un petit peu,
j’évite d’emporter du travail à la maison. Quand c’est arrivé, c’est que je le
voulais bien. J’ai envoyé un ou deux mails pour régler quelques soucis
administratifs, passé quelques coups de téléphone afin d’avoir un devis
abordable pour le kit de distribution de Fofi qui va souffler ses dix bougies…
Nous sommes samedi. Etrangement, peu de garages répondent. Qu’à cela ne tienne.
Je ferai ça lundi. Après tout, elle ne va pas me lâcher maintenant surtout que
Germain me sert 80% du temps. C’est le problème avec les voitures. On ne veut
pas prendre de risque, et les garagistes le savent. Si ça se trouve elle pouvait
tenir encore bien des miles, comme me claquer dans les mains en allant chez
Leclerc. Pas très glorieux comme fin ; elle ne mérite pas ça, mais qui
sait ? Bref, lundi, j’ai dit.
Qu'il me manque ce petit lutin !
Ce soir, c’est France/Angleterre.
Premier match de rugby loin de mes bases nantaises. Loin d’un Buck Mulligan ou
d’un John McByrne. Même si ce dernier fut délaissé un après midi de HCup pour
abus d’enfoirisme d’un serveur, j’y ai longtemps trainé mes guêtres. Le Buck avait gagné cette journée là quatre clients
à vie.
Ici, les bars, il y en a. Des troquets, des pmu, des brasseries, du bar
tabac…mais pas de pub et que du carrelage blanc par terre.
Avec ce temps, le carrelage renforce cette impression humide où le moindre courant d'air s'infiltre jusqu'à la moelle peu importe le nombre de couches que l'on porte. Le choix dans les pressions n'est pas des plus funky : Grimm blanche ou ambrée, de la 1664 ou Heineken, Amstel et autres blondes coupées à la flotte!
Certains appelleront ça du choix, moi j’appelle ça de l’ennui, du déjà vu, du
commun. Personne ne dit
jamais : « tiens je me prendrais bien une pinte de Amstel ». C’est un
truc qu’on avale en 25cl par des après midi trop chauds pour sentir le goût de
ce qu’on boit, pourvu que ce soit frais.
Tout le monde connait ces bars où résonnent les « à plus tard JeanMiche », « Comme d’hab José ? », « Tiens v’la l’plus beau », « Elle est pô là Nicole ? » « Nan pas l’mardi, elle garde le p’tit à Jennifer»… Des mains se serrent par-dessus le zinc, des joues se tendent, des regards en votre direction, teintés d’interrogations, s’échangent car vous ne faites visiblement pas partie des habitués.
Je n’ai pas encore eu le temps de tous les tester,
me direz-vous, les bars lochois. Les choses changent souvent lorsqu’on y va à
plusieurs mais n’ayant que peu de possibilité d’accompagnement et ayant la
fâcheuse habitude de ne pas rentrer dans un café seul, c’est avec un manque
flagrant d’objectivité et d’enthousiasme que je jette un regard sans réelle
bienveillance à l’égard des quelques rinces gosiers de cette province.
Je n’ai pas de télé et ma
connexion wifi rame. Pour un match en direct, c’est un peu court ! Je vais
donc, braver le froid et mes principes (après tout j'ai une bonne raison) pour trouver où me réchauffer devant un
« crunch » (surnom des France/Angleterre en Rugby) dont je me méfie
par avance du résultat au vue des dernières prestations de notre XV national. Promis, je ne rentrerai pas dans les diatribes ici !
Je me dirige vers «Le palais », un « pub brasserie » comme l’indique ses
fenêtres. Une enseigne Murphy’s laisse présager d’un bon début de soirée. A
l’intérieur, du carrelage, mais, une inscription Guinness à coté des tireuses
du comptoir me fait délaisser ce détail.
Vue d'ici, j'avais encore de l'espoir !
En me rapprochant, tous mes
espoirs s’envolent. Il s’agit d’une espèce de machine qui optimise le système Guinness en canette… Je me rabats alors sur
les armoiries de chacune des pompes… Grimm, Eau, bière « Le
Palais ». Cette dernière doit être une blonde dégueu digne d’une fête de
village (je parle de bière).
Tu veux une Murphy's, Banane?
Le patron, très sympathique, est un grand gars
bedonnant, un mixe entre Biff Tannen et Monsieur Morse. Chemise à boutons carrés, et des revers à rayures. Gourmette, crâne qui commence à
dégarnir. Elle est où la Murphy’s qui est promise sur la façade de ta
boutique Tannen? Bon allez Biff,
sers moi donc, euh plouf plouf, une Grimm ambrée. Je découvre. C’est marron foncé, on dirait
une blonde avec du picon. C'est pas super. Je ne vais pas me plaindre, il diffuse le match. Seulement je suis en
avance ! Comme si ca allait se bousculer pour trouver une place.
Nous sommes trois, comme dirait
Fersen. Le patron et un autre gars. Pour l’instant pas de rougeauds ! Et oui, je le précise, car j’ai croisé pas mal
de poivreaux dans les tavernes lochoises. Non pas par grand nombre, mais à
chaque fois des loups solitaires, ou un couple, qui repartent avec plus de vent dans les
voiles que semble pouvoir supporter leur carcasse fatiguée.
Encore un client pour un mercredi soir
Le patron et son client se connaissent. Comme tout le monde dans le patelin finalement. Ils sont rejoints par un petit
groupe de bricolos du dimanche. Anciens motards/mécanos, dont un qui fabrique des tables de salon en recyclant des moteurs de motos…classe, passe
partout, discret, summum du bon gout. Intarissable sur le sujet, les autres
l’écoutent, plus par politesse j’imagine.
Distrait par les conversations, je souris à quelques blagues en voyant qu’ils cherchent parfois ma complicité, ma réaction en croisant mon regard. Levant les yeux, je remarque que la télé, diffusant la fin du match précédent, fait un peu la tête.… Ca bave, et c’est sombre sur toute
la moitié gauche… Il s’avère que Tannen a essayé de nettoyer son écran plasma
alors que celui-ci était encore chaud. Je ne m’y connais pas du tout en
réaction physico chimico électroniques de ces machins là. Toujours est-il que
l’appareil n’a pas aimé être refroidi à chaud. Pas le temps d’appeler le Stade
de France pour que l’équipe nationale joue toujours du même coté de la pelouse
même après la mi-temps. Il va falloir déchiffrer, faire avec.
J’attends toujours, mais avec un bouquin, que
le match commence. Livre que je conseille au passage. Quelqu’un d’autre de Tonio Benacquista (merci Cécile). L’histoire de
deux personnes qui font connaissance après un match de tennis et prennent le pari
de changer complètement de vie. Deux parcours totalement différents vont
découler de ce défi lancé en pleine nuit, après plusieurs verres et une alcoolémie bien avancée.
Ah c'est parti! Il me
reste un peu de ce délicieux breuvage (sic) que j’ingurgite lentement pour
avoir une raison de rester un peu. Quoique, nous ne sommes pas à Paris et je ne risque pas de me faire dégager une
fois ma consommation engloutie. J’échange quelques mots avec Biff à la
mi-temps. Mi-temps en faveur des français, dans un hourra rugby où personne ne sait ce qui se passe mais où tout nous réussit à peu près. Le patron ne me
rassure pas sur la fréquentation lochoise en hiver. La ville se transforme à la belle
saison semble-t-il. Il organise des concerts etc. Vivement les beaux jours
alors !
La deuxième mi-temps commence et avec elle mon deuxième demi. Ca y est, la pile est en route. On ne joue
plus, on regarde les anglais marquer, nous marcher dessus. Une fois de plus on s’est vu trop
beau.
Une mère et sa fille rentrent dans
le bar. Elle, post soixante-huitarde. Sa fille, la vingtaine, punkette à chien mais proprette.
Elles racontent leur concert de grind de la veille…poétique. Bien sur, elles connaissent tout le monde. En peu de temps, voilà le petit comité grossi à sept personnes qui se regroupe autour du bar. Les anglais sont passés devant. Je ne peux même pas m’énerver, sauter sur
mon tabouret. De quoi aurais-je l'air! Je dois rester digne et calme… stranger in the baaar comme dirait Sinatra.
Les minutes défilent, la bière et
le froid commencent à agir sur mon organisme, pressé qu'on en finisse. Soudain, dans un
éclair de génie, un pilier du XV et non du bar, joue le rôle d’un trois quart
centre dans une course effrénée, et envoie un collègue à dame pour l’essai qui va permettre, à la dernière
minute, aux français de l’emporter avec un point d’écart…. J’ai failli crier et embrasser la soixante-huitarde sur les deux joues.
Comme quoi, même tout seul, devant un match avec un sélectionneur qui me sort
par les yeux, éloigné de tous visages amicaux, familiaux, j’arrive à apprécier
un match de rugby avec en plus une bière pas top et un écran faisant la
tronche.
Vivement que je bosse le weekend pour regarder le match avec les
résidents sur une télé qui fonctionne. Si si, vivre des émotions face à un
sport national, c’est éducatif ! Moment de partage ! Bière, rugby et saucisson au boulot !
C’est sur cette victoire que je
me lève, règle au patron mes deux demis et sors braver le froid et la nuit vers
mon petit nid qui se construit petit à petit.
Ce récit date d’il y a quelques
semaines. Les choses ont bien évoluées ici depuis mais ce sont des histoires que
je vous raconterai plus tard !